Piaf
Le 29 septembre 2012 à 04h37Depuis bientôt 10 ans je mets quelques petites feuilles mortes, soit de chêne, soit plus généralement de hêtre, dans presque tous mes bacs de killies. Je n'en ai jamais fait bouillir une seule, ni stérilisée d'aucune manière, et je n'ai jamais rencontré le moindre problème dans un bac.
J'utilise toujours des feuilles les plus propres possible au ramassage et toujours ramassées après qu'aient eu lieu les premières fortes gelées d'automne (je récolte mes feuilles au dessus de 900 m, où il gèle généralement fort dès courant novembre, parfois dès octobre).
En fait, selon les cas, j'utilise ces feuilles pour l'un ou l'autre de des deux usages qui suivent et je récolte et traite alors les feuilles différemment dans chaque cas :
1) Pour recouvrir une partie du fond des bacs de reproduction dans lesquels j’espère des reproductions naturelles. Dans ce cas, ces 4 à 8 petites feuilles par bac reposent sur une couche simple de billes d’argile (ne couvrant elles même pas la totalité du fond du bac). Le but : un peu sécuriser les poissons mais, surtout, offrir, au moins durant quelques temps, de bonnes cachettes aux très jeunes alevins et de ce fait limiter un peu la prédation des parents sur leurs propres alevins et donc augmenter la probabilité que je puisse récupérer quelques uns d’entre eux avant leur disparition.
Dans ce cas :
a) je ne récolte que des feuilles dites marcescentes, c'est-à-dire qui meurent sur les branches les plus externes des jeunes arbres de lisière et y subsistent plusieurs mois sans tomber sur le sol (elles ne tombent qu’au printemps suivant). Ce phénomène se rencontre aussi bien chez certains jeunes chênes que chez certains jeunes hêtres (encore plus fréquemment pour cette espèce) et toujours soit sur des arbres plus ou moins isolés ou sur des arbres de lisière. Ces feuilles restent ainsi longtemps en très bon état et sont parfaitement propres lors de la récolte.
b) Je complète leur séchage, jusqu’à dessiccation presque totale, en les faisant séjourner une petite semaine dans une boite en carton posée sur un radiateur de chauffage central, puis je les stocke, sèches, dans des boites fermées en carton.
c) Quelques semaines avant de m’en servir, j’en prélève une petite quantité (par exemple 2 ou 3 dizaines) dont je coupe minutieusement chaque pétiole à ras le limbe avec des ciseaux (car c’est en fait essentiellement le pétiole qui est attaqué par les champignons une fois placé dans l’eau) et place ces feuilles dans un grand récipient rempli d’eau et fermé d’un couvercle évitant l’évaporation. Elles vont mettre au moins une à 2 semaines avant de toutes y couler totalement. Durant quelques autres semaines, elles vont continuer à y libérer une grande partie de leurs tannins, l’eau du récipient virant progressivement au brun plus ou moins foncé. (très foncé à la fin).
d) Ces feuilles sont alors prêtes à l’emploi et se conservent ainsi quelques mois dans le récipient sans se dégrader notablement. Lorsqu’on a besoin d’en mettre quelques unes dans un bac, il n’y a plus qu’à plonger la main dans le récipient puis rincer les feuilles très sommairement avant de les introduire dans le bac, où elles coulent alors immédiatement et n’y délivrent plus que des quantités très faibles d’acides tanniques. Elles ne s’y dégradent que très lentement (au bout de quelques mois supplémentaires) et, dès que l’on constate le début de la cette dégradation, il vaut alors mieux les remplacer par d’autres feuilles avant qu’elles ne se fragmentent trop et que ces fragments deviennent une véritable plaie lors des siphonnages du bacs (rien de plus énervant qu’un fragment de feuille coincé dans un tuyau et bloquant les autres déchets ! )
Les feuilles de hêtre se dégradent un peu moins vite que les feuilles de chêne (de plus je les trouve nettement plus belles)
2) Pour être placées soit dans les pots d’incubation des œufs en eau, soit dans les récipients d’élevage des jeunes alevins
Dans ce cas je n’utilise en général que le chêne (ne me demandez pas pourquoi, c’est juste comme ça, par habitude ! ) et je n’utilise qu’un fragment de feuille (1/4 à 1/3) par pot d’incubation ou la valeur d’une à deux petites feuilles (ou une grande feuille partagée en 2 ou 3) par récipient pour jeunes alevins (les miens varient entre 1 et 3 litres).
Les buts :
- Pour l’incubation des œufs : libérer des acides tanniques qui jouent un rôle d’antifongique empêchant la moisissure qui se forme sur les œufs morts (œufs blancs, en général parce qu’au départ non fécondés) de se propager sur les autres œufs sains.
- Pour les alevins juste éclos, puis pour ceux en début de croissance : leur apporter une première nourriture, alors constituée des quelques microorganismes (infusoires et rotifères essentiellement) qui réussissent à se développer quelque peu dans les récipients d’incubation si l’on y a préalablement placé quelques fragments de feuilles mortes ainsi que de deux ou trois petits brins de mousse de Bogor, introduits dans ces récipients au minimum plusieurs jours avant la date prévue pour les premières éclosions. Ces feuilles mortes et ces brins de mousse constituent généralement d’assez efficaces sources et supports de développement à ces quelques microorganismes, d’une part introduits avec les brins de mousse, d’autre part issus des œufs de rotifères et des formes de résistance et de dissémination des paramécies et autres infusoires quasi toujours présents sur les feuilles ramassées sur le sol des sous bois. Ces précautions permettent ainsi d’allonger sensiblement (de plusieurs jours) le délai d’attente des alevins dans leur récipient d’éclosion, au moins si ces alevins ne sont pas très nombreux. Il en va de même dans les récipient d’élevage des jeunes alevins où ces microorganismes constituent un appoint alimentaire très important.
Dans ce second cas je récolte mes feuilles mortes (de chêne) directement sur le sol d’un sous-bois (toujours après les premières fortes gelées), simplement en les triant un peu de façon à ne garder que les plus belles et les plus propres (accessoirement les plus petites). Pour cet usage je ne prends pas les feuilles marcescentes, risquant d’être moins riches en germes de microorganismes. Après tri, je conserve simplement ces feuilles à sec dans un bocal fermé (je renouvelle son contenu par de nouvelles feuilles tous les ans), cette fois sans dessiccation supplémentaire sur un radiateur et surtout sans la moindre forme d’une quelconque stérilisation (évidemment puisqu’on veut justement préserver leurs « germes »). Je les utilise ensuite le plus souvent sous forme de fragment mis directement secs dans mes pots ou récipients, où ils ne coulent qu’au bout de quelques jours, ce qui est sans aucune importance (dans les bacs à alevins je coince simplement au départ mes feuilles ou fragments sous la mousse de Bogor). Attention pour l’usage dans les bacs à alevins de ne mettre que très peu de petites feuilles sèches (une ou au grand maximum deux), ou fragments, de façon à ce qu’elles ne libèrent pas trop de tannins qui nuiraient au contraire ensuite beaucoup au développement du phytoplancton dans ce bac, contrairement à ce qui est justement recherché.
(tiens, il a longtemps que je n’avais plus écrit un post aussi long ! )