Pour bien comprendre la classification Linnéenne, on peut imaginer qu'elle est composée de boîtes qui contiennent d'autres boîtes. Les plus grandes boîtes vont être les phyllum, les classes, les ordres. Les plus petites seront les espèces et les sous-espèces. De la plus grande à la plus petite ça donne :
Règne
Clade
Phylum
Classe
Ordre
Famille
Genre
Espèce
Chaque niveau peut être "complété" par des niveaux supérieurs (ex. super-famille, super-espèce) ou des niveaux inférieurs (sous-classe, infra-classe, sous-genre, sous-espèce, etc.). Chaque boîte ne fait partie que d'une boîte de rang supérieur. Ex. Aphyosemion australe ne fait partie que des Cyprinodontidae. L'espèce australe ne fait partie que des Aphyosemion. Parfois, la classification peut changer parce qu'on s'est rendu compte qu'on se trompait et qu'on a amélioré nos connaissances. Et tout le monde n'est pas toujours d'accord... Par exemple, Aphyosemion australe est considéré comme un Cyprinodontidae dnas hishbase et comme un Nothobranchiidae par Eschmeyer... (loin de moi l'idée de rentrer dans le débat !)
La classification est normalement basée sur les relations de parenté des individus. Deux individus de la même espèce sont plus apparentés que deux individus appartenant à des espèces différentes. Ca ne va pas remettre en question l'appartenance à un genre ou une famille. Une population qui évolue suite à un changement de son milieu (pollution par exemple) restera toujours plus apparentée aux autres populations de son espèce qu'aux autres espèces ou genres. Elle devra donc d'abord devenir une nouvelle espèce avant de donner un nouveau genre.
Ta question appelle une autre question : comment se forme une nouvelle espèce ? C'est ce qu'on appelle la spéciation. En fait, c'est assez complexe et ça peut prendre beaucoup de temps. Les cas les plus rapides mettent quelques milliers d'années, et encore ce sont plutôt des exceptions que la règle. Pour avoir deux espèces distinctes, il faut que des barrières d'isolement reproducteur se mettent en place. Ca peut être un lac qui se coupe en deux lacs différents. Les deux populations isolées vont évoluer chacune de leur côté et à un moment, même si elles entrent à nouveau en contact, elles ne se reconnaitront plus comme de la même espèce et/ou ne seront plus interfertiles (les descendants seront non viables ou stériles).
Dans le cas d'une population soumise à une pollution toxique, les individus vont avoir intérêt à se reproduire avec des individus résistants à la pollution. En effet, un individu résistant qui se reproduit avec un individu venu d'ailleurs et non résistant donnera probablement naissance à des individus moins résistants (en simplifiant). Ils survivront donc moins bien et la sélection naturelle les éliminera. Elle favorisera donc les individus qui sont résistants et qui préfèrent se reproduire avec des individus résistants, et donc, a priori, savent les reconnaitre. Ils vont commencer à former une forme différente des autres populations. A force d'isolement reproducteur, cette forme donnera une espèce différente.
Bon tout ça reste théorique. Dans la pratique, je ne connais pas d'espèce nouvelle apparue à cause de la pollution. Je ne connais pas trop les cas chez les poissons, mais chez les plantes, il y a des formes (qu'on appelle écotype) ou des sous-espèces, identifiable à leur morphologie ou leurs couleurs, qui ne vivent que dans les milieux pollués notamment aux métaux lourds sur les sites industriels (terrils, mines, anciennes usines, etc.). Elles ne sont pas forcément apparues là mais ont colonisés ces sites d'origine humaine.
Encore une fois, je ne sais pas comment ça se passe chez les poissons, mais chez les insectes, les résistances aux inecticides (qui sont une forme de pollution mortelle) apparaissent très vite et atteignent rapidement des seuils très très élevés. Il faut grosso modo 15 ans pour qu'une résistance apparait (donc quand Monsanto développe un nouvel insecticide, ils savent qu'ils ont 15 ans pour le rentabiliser). Lorsqu'elle apparait, elle atteint rapidement (je n'ai plus les chiffres en tête) des seuils hallucinants, de l'ordre de 500 000 par exemple. C'est à dire qu'il faut 500 000 fois plus de produit pour obtenir la même mortalité sur une population... et tout ça se fait sans la moindre spéciation qui demanderait autrement plus de temps.
Donc, oui théoriquement une pollution pourrait entrainer l'apparition d'espèces nouvelles , mais ça demande beaucoup beaucoup de temps... trop pour compenser les pertes.
Séb